La plateforme de revente de luxe évoque « l’effet patine », une tendance qui reflète le désir des consommateurs d’authenticité et de caractère dans leurs achats d’occasion.
Les données récentes de revente révèlent que les ventes d’articles en « état moyen » ont augmenté de 32 % en glissement annuel, avec 40 % de cette croissance portée par de nouveaux acheteurs. Cette acceptation de l’imperfection dépasse l’esthétique pour toucher aussi à la valeur : près de la moitié des consommateurs prennent désormais en compte la valeur de revente dans leurs décisions d’achat, 47 % considérant le potentiel de revente avant d’acquérir un article neuf.
« Dans une année marquée par l’instabilité, l’IA brouillant le réel et le synthétique, et des tendances aplaties par les réseaux sociaux, les consommateurs ont rejeté l’uniformité pour rechercher des pièces authentiques, non filtrées et uniques, » a expliqué un porte-parole de l’entreprise.
« Le résultat est un moment dans la mode défini non par les marques ou les tendances, mais par des individus exprimant leur style personnel. »
Le rapport a analysé les comportements d’achat et de consignation au sein d’une vaste communauté de revente, examinant comment les forces culturelles et les pressions économiques ont influencé le marché du luxe de seconde main en 2025.
Adopter l’imperfection
Les blousons en cuir marron vieilli ont dominé la catégorie des articles usés avec une croissance de 155 %, tandis que les sacs montrant des signes d’usure ont augmenté de 45 % et les valises couvertes d’autocollants d’une célèbre marque allemande ont progressé de 65 %.
Cette tendance marque une rupture avec les schémas traditionnels de consommation du luxe, où l’état impeccable commandait des prix premium. Désormais, les consommateurs recherchent des pièces avec une histoire qu’un objet neuf ne peut reproduire.
Au-delà des articles usés, les accessoires de luxe classiques ont continué à prendre de la valeur tout au long de 2025.
Les Datejust de la marque suisse Rolex ont augmenté de 17 %, tandis que les sacs cabas Saint Louis du maroquinier français Goyard ont gagné 18 %. De même, les bijoux Alhambra d’une maison française réputée ont progressé de 20 %.
Le prix moyen de vente des bijoux fins a augmenté de 17 % en un an, l’argent sterling atteignant des sommets historiques. Tiffany a enregistré des prix records à la revente, les consommateurs traitant les biens de luxe comme des investissements alternatifs en période d’incertitude économique.
De même, la demande nostalgique pour la mode des années 2010 a explosé : les robes bandage d’Hervé Léger ont crû de 106 %, tandis que les talons hauts de Christian Louboutin, Manolo Blahnik, Dolce & Gabbana et Giuseppe Zanotti ont vu leur valeur augmenter de 24 à 45 %.
Maturation du marché
L’adoption des articles de luxe imparfaits témoigne de l’évolution du marché de la revente, passant de circuits d’achat alternatifs à un comportement consommateur mainstream.
Près d’un tiers des vêtements achetés aux États-Unis l’an dernier étaient de seconde main, avec un marché mondial prêt à atteindre 350 milliards de dollars d’ici 2027.
La tendance aux biens de luxe usés accompagne des mouvements culturels plus larges qui valorisent l’authenticité plutôt que la perfection. Dans un monde de plus en plus digitalisé, les objets physiques portant les traces du temps offrent une connexion tangible à l’artisanat et au patrimoine.
« La revente est passée de perturbatrice à pilier du parcours consommateur : près d’un tiers des vêtements achetés aux États-Unis l’an dernier étaient d’occasion, et 58 % des consommateurs préfèrent désormais clairement le marché secondaire, » a ajouté le porte-parole.
« Aujourd’hui, les acheteurs définissent non seulement leur style à travers la revente, mais ils intègrent aussi la valeur de revente au moment de l’achat. »