
Un nouveau rapport du Boston Consulting Group (BCG) et de la plateforme française de revente de luxe Vestiaire Collective révèle que le secteur de la mode circulaire croît aujourd’hui trois fois plus vite que le commerce de détail traditionnel.
Intitulée « Le prochain chapitre de la revente : comment les marques de mode et de luxe peuvent réussir sur le marché de la seconde main », l’étude prévoit que le marché mondial de la revente atteindra 360 milliards de dollars d’ici 2030. En regardant vers l’avenir, le rapport souligne l’importance des passeports numériques de produit (PNP) comme principal levier de croissance, alors que des facteurs tels que l’accessibilité, l’unicité et une nouvelle génération de consommateurs natifs de la revente continuent de stimuler la popularité des ventes de seconde main.
« Qu’ils recherchent des pièces de mode désirables et abordables ou qu’ils poursuivent le frisson de la chasse aux trouvailles vraiment uniques, la revente est désormais solidement ancrée dans les habitudes d’achat et la construction de garde-robes », a déclaré un représentant de Vestiaire Collective impliqué dans le rapport.
« Aujourd’hui, c’est un choix délibéré. »
Les réponses d’une enquête menée auprès de 7 800 membres de la communauté mondiale de Vestiaire Collective, qui déclarent une dépense médiane annuelle en mode de 5 300 dollars, ont été recueillies entre avril et mai 2025.
Révolution de la revente
Les résultats d’une enquête auprès des utilisateurs de Vestiaire Collective montrent que les articles de seconde main représentent déjà 28 % des garde-robes des répondants, avec une hausse à 30 % pour les vêtements et 40 % pour les sacs à main.
Selon le rapport, 80 % des acheteurs évoquent l’accessibilité financière comme principale raison d’achat des articles de seconde main, mais les facteurs émotionnels et culturels gagnent en influence.
55 % des répondants apprécient la variété et le caractère unique des articles d’occasion, tandis que la moitié évoque le « frisson de la chasse ». Environ 40 % achètent de la revente pour des raisons de durabilité, la considérant comme une manière plus responsable de s’engager avec la mode.
Du côté des vendeurs, les motivations sont tout aussi pragmatiques : 66 % évoquent un « désencombrement de garde-robe » comme raison principale, et 41 % vendent pour générer des revenus. Près de la moitié des vendeurs déclarent utiliser leurs gains pour financer de futurs achats d’occasion, et 18 % les investissent dans des articles neufs.
Les consommateurs de la génération Z, le groupe démographique le plus actif dans la revente, redéfinissent les perceptions de la possession de luxe.

Les articles de seconde main représentent jusqu’à 32 % de leur garde-robe, atteignant 45 % pour les sacs à main au niveau mondial et 66 % aux États-Unis. Le rapport ajoute que pour huit répondants sur dix issus de la génération Z, la revente est devenue un canal de découverte pour de nouvelles marques — au-dessus de la moyenne toutes tranches d’âge confondues.
Les données régionales révèlent également des différences dans l’état d’esprit des consommateurs. Aux États-Unis, la revente est davantage perçue comme transactionnelle, avec 87 % des acheteurs citant l’accessibilité financière comme principal moteur d’achat, soit 11 points de plus qu’en Europe. Les Américains sont aussi près de quatre fois plus enclins à considérer la revente comme une source de revenus à temps partiel ou complet.
« Le marché est passé d’une étape expérimentale à une étape essentielle », a commenté un directeur général impliqué dans le rapport.
« De nombreuses marques la considèrent désormais comme un canal clé pour attirer de nouveaux clients. Avec la génération Z et d’autres consommateurs natifs de la revente en tête de cette évolution, l’élan ne fait que grandir. »
Établir la confiance grâce aux PNP
Le rapport décrit le rôle des passeports numériques de produit (PNP) comme un élément essentiel de ce mouvement.
Ces identifiants basés sur les données relient les produits à des informations vérifiées tout au long de leur cycle de vie, de l’origine à l’historique de propriété, en passant par les matériaux et les réparations effectuées.
« Les passeports numériques de produit vont bien au-delà d’une simple conformité réglementaire », a expliqué un autre directeur général et partenaire impliqué dans le rapport.
« Ils deviennent un outil stratégique pour instaurer la confiance avec les clients. Ils réduisent les frictions pour les acheteurs, garantissent l’authenticité, et créent de nouvelles opportunités pour les marques de capter de la valeur tout au long du cycle de vie d’un produit. »
Les consommateurs considèrent l’authentification et la transparence du produit comme les principaux avantages des PNP : 70 % estiment que la vérification est importante lors de l’achat, et 67 % lors de la vente. Cependant, la notoriété reste limitée : 65 % des répondants n’avaient jamais entendu parler des PNP, et 15 % n’étaient pas certains de leur but.
Certaines marques ont intégrés cette technologie dans leurs lancements récents. Les experts soulignent que la réglementation mondiale imminente accentue la nécessité de solutions efficaces de traçabilité.

Pour les maisons de mode, l’expansion rapide de la revente représente à la fois une opportunité et une urgence.
Alors que le potentiel de 360 milliards de dollars du marché témoigne d’une forte demande des consommateurs, le rapport affirme que les marques doivent adopter les principes du design circulaire et la transparence des données pour conserver leur crédibilité dans l’écosystème de la revente.
« Depuis le tout début, l’avenir de la mode a été imaginé comme circulaire, où chaque article pourrait vivre plusieurs vies », a souligné le représentant de Vestiaire Collective.
« Nous aidons les marques à embrasser la circularité, en concevant la mode avec un cycle de vie véritablement infini, en offrant aux clients des expériences de revente fluides et une transparence totale, et en leur permettant de transformer leurs garde-robes en actifs dynamiques et précieux. »