Lorsque Sophie Paterson a lancé son studio de design éponyme en 2008, elle a dû relever de nombreux défis sans réseau, contacts ni formation formelle en design. Elle confie : « Les défis ne cessent jamais, mais avoir un parcours régulier vous donne la résilience et la confiance nécessaires pour surmonter tout ce que la gestion d’une entreprise peut vous réserver. »
En près de deux décennies, Paterson a développé son équipe jusqu’à 15 personnes, répondant à divers goûts en matière de design, des propriétés au Moyen-Orient aux maisons de ville du centre de Londres. Elle a également récemment lancé la Sophie Paterson Academy, proposant 40 leçons réparties en huit modules destinés à offrir aux futurs designers d’intérieur des compétences et connaissances fondamentales. L’académie inclut des conseils d’experts sur les meilleures pratiques en design d’intérieur, les techniques de présentation, les erreurs courantes à éviter et des recommandations de fournisseurs.
Paterson considère les réseaux sociaux comme indispensables à son développement professionnel, fournissant une communauté bienveillante qui l’a aidée à gagner en confiance. En jonglant avec un portefeuille de plus de 80 projets tout en étant mère, elle partage ses astuces pour tout gérer.
- Quand vous étiez enfant, que vouliez-vous faire plus tard ?
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J’ai toujours voulu créer un foyer magnifique, cherchant la beauté et le calme. Je ne savais pas que le design d’intérieur pouvait être une carrière jusqu’à mon adolescence, où j’en suis devenue passionnée.
- Avez-vous toujours eu un parcours professionnel clair en tête, et comment la réalité s’en est-elle rapprochée ?
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Non, j’étais partagée. J’aimais le design d’intérieur mais ma famille préférait une voie plus académique. J’ai étudié le management international et l’espagnol à l’université. Mon chemin a nécessité de tracer ma propre route sans contacts ni expérience.
- Quels ont été certains des plus grands défis auxquels vous avez été confrontée au début de votre carrière ?
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Me faire un nom était difficile, obtenir des comptes professionnels et des projets réguliers. Après cinq ans en solo, j’ai embauché mes deux premiers collaborateurs, ce qui a demandé du courage.
- À quoi ressemble une journée type pour vous ?
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Elle est variée : visites sur site, brainstorming de nouveaux produits ou création de concepts de design. Je participe aussi à des conférences et podcasts, en complément de mon cours de design d’intérieur, pour donner en retour.
- Quels sont les meilleurs et les pires aspects de votre métier ?
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Le meilleur, c’est de travailler avec des clients enthousiastes et voir les présentations et réalisations de projets. Le pire, c’est cette responsabilité constante envers mon équipe, mes clients et les projets, qui ne s’éteint jamais — parfois même en vacances.
- Qu’est-ce qui influence votre style de design d’intérieur ? Comment restez-vous inspirée ?
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Les voyages sont essentiels. Avec des projets et collections variés, je change d’expériences et de lieux pour renouveler mes idées. Même des escapades locales m’inspirent grâce aux nouveautés que je documente pour plus tard.
- Parlez-moi d’un moment fort dans votre carrière.
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La réalisation des deux premiers projets au Moyen-Orient, particulièrement un dans le Golfe, reste marquante par l’ampleur de la propriété et la joie du client. Créer des relations durables avec des clients qui reviennent pour de nouveaux projets est le plus beau compliment.
- Quelles ont été certaines des périodes les plus difficiles dans votre carrière ? Qu’en avez-vous tiré ?
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Les débuts de la gestion d’équipe — choisir les bonnes personnes et parfois devoir se séparer d’autres. Maintenir une petite équipe efficace d’environ 15 personnes est idéal pour nos types de projets — de grandes maisons avec un leadership très impliqué.
- Vous est-il facile de décrocher du travail ?
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Non, c’est difficile. Le meilleur moyen de vraiment décrocher, c’est lors de voyages aux États-Unis, en raison du décalage horaire, ce qui me permet de travailler tôt puis de profiter du reste de la journée sans emails.
- Que faites-vous pour vous détendre ?
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J’aime faire du Pilates, de la musculation, de longues promenades à la campagne avec notre teckel, et des mini-vacances avec mon mari qui semblent prolongées malgré leur brièveté.
- Parlez-moi d’une femme que vous considérez comme une source d’inspiration.
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Plusieurs femmes m’inspirent, notamment ma mère pour sa ténacité et son indépendance, et ma belle-mère qui m’a appris à recevoir et à créer un foyer beau mais décontracté.
- Quelles qualités pensez-vous essentielles chez un bon manager ?
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La gentillesse est sous-estimée. Je traite mon équipe comme j’aimerais être traitée, favorisant un professionnalisme mêlé de chaleur et de respect, ce qui motive. J’équilibre gentillesse, force et vision pour guider face aux défis et aux opportunités.
- Comment avez-vous vu évoluer le paysage pour les femmes dans le luxe au cours de votre carrière ?
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Le design d’intérieur a traditionnellement été un domaine largement féminin. J’apprécie les femmes fortes qui soutiennent et inspirent. L’industrie est devenue plus diverse et ouverte, avec un accès facilité aux bonnes pratiques et fournisseurs via internet et réseaux sociaux, permettant aux talents de trouver leur voie.
- Comment espérez-vous voir cette évolution dans le futur ?
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Je souhaite voir cette ouverture et diversité se poursuivre. Je soutiens les initiatives pour accroître la diversité et participe à des programmes de mentorat pour aider les jeunes talents à acquérir de l’expérience et faire leurs preuves.
- Pensez-vous que les attitudes face au travail et aux carrières ont changé depuis vos débuts ?
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Oui, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est devenu une priorité, surtout avec les générations récentes et la pandémie. La créativité prospère lorsqu’on est reposé et inspiré. Mon équipe fonctionne en mode hybride entre studio et domicile.
- Quels sont selon vous les plus grands obstacles pour les femmes aujourd’hui au travail ?
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Conciliant maternité et carrière reste un défi. Même dans des environnements favorables, les coûts de garde et la culpabilité pèsent. Accepter de ne pas pouvoir tout faire est libérateur. Les priorités sont la famille, la santé et la carrière, souvent au détriment de la vie sociale.
- Que diriez-vous à votre jeune vous avec le recul ?
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Tu es assez bonne. Ne laisse pas la peur ou le doute t’arrêter, ni les autres limiter ton potentiel. La confiance se gagne difficilement mais libère.
- Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui débutent dans les industries créatives ?
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Acquiers un maximum d’expérience avant de créer ta propre entreprise ; c’est inestimable. Sache aussi que tu ne seras jamais complètement prête et devras t’adapter à l’évolution du secteur.